jeudi 28 août 2014

La douche le soir et le potager

Aujourd'hui j'avais envie de parler d'une chose qui nous concerne tous, mais dont nous nous rendons compte que très rarement. Les habitudes de vie. Je me sens tout particulièrement concernée, de part mon métier d'ergothérapeute (ok, je rentre seulement en troisième année, je suis encore loin d'avoir mon diplôme surtout avec le mémoire qui se profile, mais je pense que je peux déjà dire que c'est mon métier, vu qu'il y a peu de chance que je change encore une fois d'orientation d'ici là, non ? ), mais aussi dans ma vie personnelle.
Pourquoi donc ? L'ergothérapeute a pour but de rendre la personne aussi autonome que possible, en composant avec son handicap (moteur, psychique ou sensoriel). C'est là qu'intervient aussi la notion d'indépendance, quoique différente. L'autonomie se définit comme "décider de faire". L'indépendance c'est "pouvoir faire seul". Ce ne sont peut-être pas les définitions du dico (j'ai la flemme d'aller vérifier) mais c'est celles que j'utilise pour comprendre la différence. L'ergothérapeute travaille alors aussi sur l'indépendance, pour que la personne n'ai pas à dépendre constamment des autres, et surtout qu'elle se sente libre (Tout ça, c'est ma définition à moi de l'ergo, les domaines d'applications sont tellement vastes, la personnalité du thérapeute joue tellement, que la définition peut varier un peu selon quel ergothérapeute vous avez en face de vous).
Tout ça pour dire que la base du travail de l'ergothérapeute, normalement (en stage, j'ai pas tout à fait vu cette pratique, cela dépend encore une fois du thérapeute, et surtout, de l'institution dans laquelle on travaille), c'est l'autonomie, l'indépendance, en fonction des habitudes de vie de la personne. Kesako ? Pour moi les habitudes de vie, c'est les petites choses que tu fais au quotidien, la manière dont tu vis, dont tu fais les choses, c'est ta routine perso. Par exemple : moi je prend ma douche le soir (le métro c'est un peu dégueu et j'ai l'impression de ramener la crasse du métro dans mon lit tout les soirs si je me lave pas avant de me coucher, glamour hein ?), d'autres préfèrent la prendre le matin parce que ça les réveille. Certains mangent bio, d'autres non. Certains dorment avec un pyjama, d'autres préfèrent être à poil. La baguette du matin c'est aussi une habitude de vie. Le thérapeute, donc moi, doit alors prendre en compte tout ça, dans la rééducation, la réadaptation (c'est une autre histoire, je vous expliquerais à l'occasion), dans le soin de la personne. C'est ce qui rend mon job intéressant : personne n'a les mêmes habitudes de vie, ni la même manière de faire les choses, chacun est unique, chaque prise en charge est unique (en théorie, je me répète mais cela dépend vraiment des institutions).

Je raconte tout ça parce qu'hier je suis rentrée en Picardie pour la rentrée scolaire, après 4 mois passés avec mon Homme dans le Sud dans sa maison, qui est devenue mon chez moi.. En 4 mois, on a eu le temps d'apprendre à mieux se connaître au quotidien, d'ajuster nos habitudes de vie à tous les deux. Les habitudes de vie à deux, en tout cas dans notre cas, ça s'installe très vite.
Le retour dans le nord est donc particulièrement douloureux, entre autre pour cette raison : le décalage de mes habitudes de vie prises avec mon Homme et celles d'avant, ici, toute seule, chez ma mère. Déjà qu'à la base je ne me sentais pas chez moi (après 5 ans à vivre dans mon propre appart, revenir au domicile parental a été douloureux et compliqué), mais alors là c'est le fossé. Je me suis mise à manger bio, j'ai arrêté le pyjama définitivement, je ne regarde plus la tv (on en a pas à la maison, chez mon copain je veux dire, mais on le vit bien hein ;) ), je vais chercher mon persil, mon basilic et mes radis dans le potager, les fruits et le jus de pomme chez le producteur du coin et je fais du compost. Ah oui, et surtout j'avais rangé ma valise et mon sac de voyage.
Autant dire qu'ici, on ne mange pas bio, le jus de fruit c'est du Tropicana, je dois remettre un pyjama, mon lit me paraît petit, et surtout surtout je dors toute seule.

De part mes cours, en théorie je savais ce que c'était le changement des habitudes de vie pour un patient. Mais ça n'a rien à voir. En réalité, quand du jour au lendemain tu perds tes habitudes de vie, qui étaient devenues des automatismes, tu te prends une grosse claque dans la tronche. Ça me fait penser à une situation qu'on nous a décrite en cours, et je comprend mieux maintenant, je veux dire, je la prend ma claque là, je me rend compte combien les patients peuvent souffrir de cette situation : une personne prend sa douche le soir, puis à cause d'un accident de la vie (maladie, accident ... ), cette personne se retrouve dépendante d'une auxiliaire de vie pour se laver. Malheureusement cette auxiliaire de vie n'est pas disponible le soir car elle a d'autres personnes à aller voir, et que son emploi du temps est déjà booké. Elle n'a de la place que le matin. Donc maintenant la douche c'est le matin. Comment est censée réagir cette personne ? Il est possible qu'elle dorme très mal parce qu'elle se sente sale, parce que la douche avant de se coucher c'était un moment de détente qui l'aidait à s'endormir. Je trouve que c'est compliqué. Je ne me rendais pas compte de l'importance de ces habitudes de vie. La place qu'elles prenaient. Mais finalement c'est la base de notre vie, de ce que nous sommes. Pour faire un parallèle, c'est la même chose que le "choc des cultures", parce qu'au fond, une culture c'est quoi ? C'est une habitude de vie. Pareil quand tu pars en vacances avec des amis : tu coupes pas les tomates comme eux, ils font la vaisselle le lendemain, tu prends du thé le soir avant de te coucher (et souvent on se moque de toi parce que ça fait mémé, mais toi au moins tu es bien hydraté !), et c'est parfois énervant, parce que tu ne peux pas faire comme d'habitude.

Voilà, je crois que j'ai dit ce que je voulais dire. J'avais envie de partager cette réflexion, qui n'en est pas vraiment une, plutôt une constatation, une prise de conscience. Parce que je pense que ça va faire du bien à ma pratique professionnelle, je l'espère. Et puis aussi, je comprend mieux dans ma vie personnelle, pourquoi je ne me sens pas à ma place ici, ni à l'école. Et que je me sens aujourd'hui chez moi dans le sud, avec mon jardin, mon rooibos, mon grand lit, et mon Homme avec moi. J'espère que ça vous aura fait réfléchir un peu, pas dans le sens où vous en aviez besoin hein, évidemment, mais dans le sens réfléchir à sa situation, à comment on vit les choses, pourquoi, qu'est ce qui nous semble important. Que chacun est différent grâce à ça, qu'il faut être un peu tolérant envers les autres, et par exemple arrêter de se moquer ou de prendre l'autre pour un extraterrestre ou quelqu'un de bizarre parce qu'il n'aime pas aller en boîte, parce qu'il ne boit pas d'alcool. C'est pas bizarre, c'est juste la vie.

Une bonne journée !

Vitalic - la Mort sur le DanceFloor


dimanche 27 avril 2014

Le pouvoir du moment présent - Eckhart Tolle

4 mois sans rien. Malgré une bonne dizaine de brouillons, d'idées lançées en vrac.C'est que ça devait aller suffisamment bien !

Je suis en train de lire un bouquin, un truc spirituel, qui t'explique comment vivre dans le présent, comment être vraiment toi, comment ne plus avoir peur, et n'avancer que dans le présent. La lecture est ardue. L'auteur y a même mis des pauses, moments où il conseille d'arrêter ta lecture et de réfléchir sur le sens de ce que tu viens de lire. Je crois que même sans ça, tu sens obligé de t'arrêter ou de relire plusieurs fois.
De ce que j'ai retenu pour le moment, c'est que quand t'as l'impression que ta vie c'est de la merde, et que t'es un bon à rien, concentre toi sur le présent. Pose toi la question "Est-ce que j'ai un problème, là maintenant, à cet instant présent ?" Apparemment, la plupart du temps est ... non. On se perd dans le passé, et surtout dans le futur, on appréhende, on réfléchit à des scénarios, à la tournure des évènements, en oubliant le présent. Du coup on est rien. Ou pas vraiment entier. Quand tu te poses cette fameuse question, en gros c'est savoir se rendre compte que ta vie elle est pas si nulle que ça. Et si vraiment elle l'est, mais que à ce moment précis tu ne peux pas faire grand chose, ça sert à rien de t'acharner dessus au moment présent. Profite de ce qui t'entoure. De manière plus intense avec l'esprit libéré des problèmes.
L'autre point que j'ai compris, je crois, est l'histoire du mental. Un truc avec l'ego. Je vais chercher mon bouquin parce que là je me sens incapable de vous réexpliquer le concept. En gros : l'état d'inconscience, c'est l'identification au mental, qui va crée un faux-moi : l'ego. Et l'ego se raccroche aux problèmes. Quand on se débarrasse de l'ego, on redevient présent.
Est-ce que vous avez saisi ? Pas tous en même temps surtout. Bon voilà, un peu complexe sur le coup, mais très intéressant. Il oblige à réfléchir. A ne pas prendre pour acquis ce qu'il raconte, mais à essayer d'avoir un peu de jugeote.

Bon du coup, je suis en plein apprentissage. Non pas que je trouve que ma vie c'est de la merde hein. Certes non ! Je me retrouve dans le sud, dans une grande barraque, un jardin, une piscine (un peu impraticable pour le moment, mais je compte bien tremper mes fesses d'ici 2 mois.), avec mon chat sous le bras, un lit de 2mx2m, mon stage en psy commence demain, ah oui et j'ai eu mon permis, j'ai mon sujet de mémoire. Bref, ça va quoi.
Mais c'est toujours quand ça devrait aller que les doutes s'installent. Ils s'immiscent tels des salopards. Alors là-haut la bataille reprend. L'impression d'être plusieurs, au moins deux, et de pas trop savoir quelle décision prendre pour une question qui ne se pose pas. Cherche l'erreur.
Du coup, j'étais au soleil, et j'ai essayé. Je me la suis posée cette fameuse question. Alors en effet, aucun problème à l'instant présent. Je ne suis juste que peur : peur de conduire toute seule demain, peur parce que c'est mon premier jour de stage, en psychiatrie, peur que l'Homme parte, peur de l'abandon. Mais à l'instant précis où j'étais, où je suis actuellement, tout va bien. Ce n'est que mon ego qui fait des siennes : parce que le moi idéal est tellement parfait qu'il sait conduire tout seul comme un grand, qu'il sait s'intégrer tout de suite à une équipe, qu'il sait rencontrer des personnes schizophrènes, qu'il sait comment garder son Homme. Alors forcément entre le moi et le faux-moi, y a comme un fossé tu vois. Le fossé crée la peur. Et bam ! T'as vu ? Bon si je sais le faire, toi aussi tu peux.

Tiens et avec ça une musique pour bien déprimer ! Tchou !

Rihanna feat Mikky Ekko - Stay